Dans l’année 2024-2025, commencera un projet interdisciplinaire visant à réunir les chercheuses et chercheurs de la faculté de médecine, de la faculté de pharmacie et des Archives Henri Poincaré de l’Université de Lorraine à Nancy. Nous allons nous réunir autour du thème suivant:
Santé, environnement et justice, entre le local et le global – séminaire en humanités médicales (séminaire mensuel)
Journée d’études 9 septembre 2024 (événement inaugural) :
Dans l’ombre des scandales sanitaires : repenser les liens entre la pharmacie, la médecine et l’argent (journée d’études)
en présence d’Irène Frachon, médecin pneumologue, lanceuse d’alerte dans l’affaire du Mediator, médicament utilisé comme coupe-faim, ayant provoqué la mort de nombreux patients jusqu’à son retrait en 2009. Cette journée d’études vise le lancement d’une collaboration interdisciplinaire en humanités médicales au sein de l’université de Lorraine.
En 2007, la pneumologue Irène Frachon constate un nombre anormal d’anomalies cardiaques au sein de son hôpital à Brest. Elle remarque qu’ils partagent tous le fait d’avoir été traités par le benfluorex (principe actif du Mediator, un médicament commercialisé par Servier). Après deux ans d’enquête, et souvent face à l’hostilité des institutions en charge de la protection des patients. La découverte d’Irène Frachon provoque un bouleversement du paysage sanitaire français. L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) s’est reformée en profondeur, allant jusqu’à changer de nom (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, ANSM). Elle a tardé à suspendre la commercialisation du Mediator, et plusieurs liens d’intérêt entre le laboratoire Servier et l’institution ont été constatés.
Quelques mois après le dernier procès de l’affaire Mediator, cette journée d’étude cherchera à interroger les répercussions de ces événements, à réfléchir sur les liens d’intérêt entre l’industrie pharmaceutique et le monde médical, et sur les modes de financement de l’industrie du médicament.
Ces interrogations ne concernent pas uniquement les scandales sanitaires classiques, comme celui de Mediator en France, ou celui d’Avandia aux Etats-Unis, où les données concernant la sécurité de cet antidiabétique n’ont pas été rendues publiques par GlaxoSmithKline. Il s’agit aujourd’hui de se pencher sur les modes de fonctionnement financier du monde médical et des institutions étatiques et intra-étatiques. Ces questions deviennent encore plus prégnantes dans le contexte post-pandémique, alors que les guerres s’accompagnent de crises sanitaires de plus en plus aigues. Les institutions internationales fonctionnent-elles de façon transparente relativement à la provenance des fonds et à leur distribution? Cette journée ne prétend pas apporter des réponses à toutes ces questions mais simplement poser un cadre pour des échanges et des discussions qui se poursuivront au cours d’un séminaire annuel.